9. Les courbes tendues

Avec ce neuvième cours, nous abordons une étape essentielle dans la maîtrise du tournage : la réalisation de courbes tendues.

C’est une progression naturelle après les exercices de tores et de gorges. Vous allez maintenant apprendre une nouvelle position de la gouge à profiler, qui va vous permettre de tracer des lignes à la fois fluides, dynamiques et précises.

Cette position, plus ouverte et plus engagée dans la coupe, demande un peu d’audace au début. Elle vous permettra de créer des courbes longues et régulières, sans rupture ni à-coups, avec une continuité parfaite entre le départ et la fin du mouvement.

C’est ce que l’on appelle une “courbe tendue” : une ligne souple, mais avec une tension visuelle, comme si elle avait été dessinée d’un seul trait sûr.

Vous verrez que cette technique est directement applicable à de nombreux projets. Par exemple, elle sera indispensable pour réaliser des doucines — ces belles formes en “S” très présentes dans les moulures et les pièces décoratives. Mais elle vous servira aussi, plus tard, dans le tournage en bois de travers, notamment pour sculpter les belles courbes extérieures de vos bols ou saladiers. Dans ces situations, la stabilité, le contrôle de la gouge et la compréhension de l’angle de coupe seront essentiels.

Cette position particulière sera donc étudiée dès la semaine de formation “Gestes de base”, afin de vous familiariser avec le geste et le ressenti. Puis, elle sera approfondie pendant le stage de 3 jours “Creusage”, où vous l’utiliserez dans la réalisation de la courbe extérieure de vos bols.

Comme toujours, nous prendrons le temps de décortiquer le mouvement : 

• la position du corps, qui guide la trajectoire, 

• la rotation des poignets, qui suit la courbe, 

• le contact du biseau, qui assure la douceur de la coupe, 

• et la sortie du geste, qui doit être aussi fluide que son entrée.

C’est un exercice à la fois technique et artistique : il vous apprend à sentir la ligne, à écouter le bois, et à laisser l’outil dessiner ce que vous imaginez.

Petit à petit, vos gestes deviendront plus naturels, vos courbes plus harmonieuses — et c’est à ce moment-là que le tournage sur bois prend toute sa dimension : celle d’un vrai travail de forme et d’élégance.